Le film de Romero vient nous rappeler que le zombie, c'est nous, pauvres choses fascinées devant l'écran de cinéma ou derrière l'écran de la télévision. «Dans ces ténèbres d'où va surgir une autre aurore, les zombies, c'est vous», écrivait déjà Jean-Paul Sartre en 1961 en introduction aux Damnés de la terre de Frantz Fanon.G Roméro a fini par imposer la victime anonyme. «C'est évidemment le prolétariat», s'est enthousiasmé l'un des acteurs de Land of the Dead, John Leguizamo. Sur la liste de diffusion américaine Marxism, la sortie du film a d'ailleurs été signalée dans un message titré Zombies et lutte des classes.
Mais il evoque aussi époques, les minorités noires, les décervelés de la société de consommation, les affamés du tiers-monde et tout ce qu'on voudra bien y mettre de souffrant et d'un poil effrayant. Très différent du vampire, cet aristocrate de l'épouvante, ultrasnob et exploiteur. Et bien plus collectif que le fantôme, bourgeois individualiste obsédé par la propriété (il hante à vie son ancienne maison).
Là ou certains ne voient qu'une boucherie cinéphilique de plus ,d'autres plus averties saisiront le message d'un film pas aussi manichéen qu'on pourrait le penser.